miércoles, 22 de febrero de 2012

Paul Verlaine y John Gray





CLAIR DE LUNE
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.


CLAIR DE LUNE

How like a well-kept garden is your soul,
With bergomask and solemn minuet!
Playing upon the lute! The dancers seem
 But sad, beneath their strange habiliments.
While, in the minor key, their songs extol
The victor Love, and life's sweet blandishments,
Their looks belie the burden of their lays,
The songs that mingle with the still moon-beams.
So strange, so beautiful, the pallid rays;
Making the birds among the branches dream,
And sob with ecstasy the slender jets,

The fountains tall that leap upon the lawns
Amid the garden gods, the marble fauns.



CLARO DE LUNA
Vuestra alma es un exquisito paisaje,
Que encantan máscaras y bergamascos,
Tocando el laúd y danzando casi
Tristes bajo sus fantásticos disfraces.

Siempre cantando en el tono menor
El amor triunfante y la vida oportuna
Parecen no creer en su felicidad,
Y sus canciones se unen al claro de la luna,

Al tranquilo claro de luna, triste y bello,
Que hace sonar los pájaros en los árboles
Y sollozar estáticos a los surtidores,
Los altos surtidores esbeltos entre los blancos mármoles.


GREEN
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encore de vos derniers baisers ;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.


GREEN
Leaves and branches, flowers and fruits are here;
And here my heart, which throbs alone for thee.
Ah! do not wound my heart with those two dear
White hands, but take the poor gift tenderly.

I come, all covered with the dews of night
The morning breeze has pearled upon my face.
Let my fatigue, at thy feet, in thy sight,
Dream through the moments of its sweet solace.

With thy late kisses ringing, let my head
Roll in blest indolence on thy young breast;
To lull the tempest thy caresses bred,
And soothe my senses with a little rest.


Versión castellana de Miguel Ángel Frontán.