sábado, 1 de mayo de 2010

Anna de Noailles y Ángel José Battistessa



L’OFFRANDE À LA NATURE

Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,
Nul n’aura comme moi si chaudement aimé
La lumière des jours et la douceur des choses,
L’eau luisante et la terre où la vie a germé.

La forêt, les étangs et les plaines fécondes
Ont plus touché mes yeux que les regards humains,
Je me suis appuyée à la beauté du monde
Et j’ai tenu l’odeur des saisons dans mes mains.

J’ai porté vos soleils ainsi qu’une couronne
Sur mon front plein d’orgueil et de simplicité,
Mes jeux ont égalé les travaux de l’automne
Et j’ai pleuré d’amour aux bras de vos étés.

Je suis venue à vous sans peur et sans prudence
Vous donnant ma raison pour le bien et le mal,
Ayant pour toute joie et toute connaissance
Votre âme impétueuse aux ruses d’animal.

Comme une fleur ouverte où logent des abeilles
Ma vie a répandu des parfums et des chants,
Et mon cœur matineux est comme une corbeille
Qui vous offre du lierre et des rameaux penchants.

Soumise ainsi que l’onde où l’arbre se reflète,
J’ai connu les désirs qui brûlent dans vos soirs
Et qui font naître au cœur des hommes et des bêtes
La belle impatience et le divin vouloir.

Je vous tiens toute vive entre mes bras, Nature.
Ah ! faut-il que mes yeux s’emplissent d’ombre un jour,
Et que j’aille au pays sans vent et sans verdure
Que ne visitent pas la lumière et l’amour...

ANNA DE NOAILLES


LA OFRENDA A LA NATURALEZA

Cordial Naturaleza que bajo el cielo posas,
Nadie habrá como yo tan tiernamente amado
La lumbre de los días y el dulzor de las cosas
Y la tierra y el agua que en vida han germinado.

Tus bosques, tus estanques y tu campo fecundo
Aún más me han conmovido que los ojos humanos.
Entera me he apoyado en la beldad del mundo
Y todos tus aromas he tenido en las manos.

A modo de corona tus soles he llevado
En mi frente orgullosa y llena de candor.
A faenas de otoño mis juegos he igualado
Y en brazos del verano he llorado de amor.

He venido hacia ti sin miedo y sin prudencia
Dándote asentimiento para el bien, para el mal,
Pues no sé otra alegría ni conozco otra ciencia
Que tu alma impetuosa con su astucia animal.

Como flor donde alojan las abejas su fiesta,
Mi vida ha derramado perfumes y canciones,
Y este mi corazón matinal es la cesta
Que de hiedras y ramas te consagra los dones.

Sumisa como el agua que copia la ribera,
Yo conozco esa fiebre que arde en tu vespertino
Crepúsculo y que aporta al hombre y a la fiera
La adorable impaciencia y el deseo divino.

¡Te tengo entre mis manos, palpitando, Natura!
Y pensar que la sombra me cegará en su horror,
Y que iré a una comarca sin brisa y sin verdura
Que no visitan nunca ni la luz ni el amor...

ÁNGEL JOSÉ BATTISTESSA

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