jueves, 13 de agosto de 2009

Victor Hugo: Para ti en la colina...



J'ai cueilli cette fleur...

J'ai cueilli cette fleur pour toi sur la colline.
Dans l'âpre escarpement qui sur le flot s'incline,
Que l'aigle connaît seul et peut seul approcher,
Paisible, elle croissait aux fentes du rocher.
L'ombre baignait les flancs du morne promontoire ;
Je voyais, comme on dresse au lieu d'une victoire
Un grand arc de triomphe éclatant et vermeil,
À l'endroit où s'était englouti le soleil,
La sombre nuit bâtir un porche de nuées.
Des voiles s'enfuyaient, au loin diminuées ;
Quelques toits, s'éclairant au fond d'un entonnoir,
Semblaient craindre de luire et de se laisser voir.
J'ai cueilli cette fleur pour toi, ma bien-aimée.
Elle est pâle, et n'a pas de corolle embaumée,
Sa racine n'a pris sur la crête des monts
Que l'amère senteur des glauques goëmons ;
Moi, j'ai dit : Pauvre fleur, du haut de cette cime,
Tu devais t'en aller dans cet immense abîme
Où l'algue et le nuage et les voiles s'en vont.
Va mourir sur un coeur, abîme plus profond.
Fane-toi sur ce sein en qui palpite un monde.
Le ciel, qui te créa pour t'effeuiller dans l'onde,
Te fit pour l'océan, je te donne à l'amour.
Le vent mêlait les flots ; il ne restait du jour
Qu'une vague lueur, lentement effacée.
Oh! comme j'étais triste au fond de ma pensée,
Tandis que je songeais, et que le gouffre noir
M'entrait dans l'âme avec tous les frissons du soir !


Para tí en la colina he cortado esta flor...

Para ti en la colina he cortado esta flor
En la costa escarpada que hacia la mar desciende
Que las águilas sólo conocen y frecuentan.
En la roca agrietada, en paz ella crecía.
La sombra los costados del triste promontorio
Bañaba y yo veía donde el sol ya no estaba,
Como un arco brillante y rojo de victoria,
La noche oscura hacer un pórtico de nubes.
A lo lejos huían los pequeños navíos.
En el fondo del valle unos techos temían
Llamar la atención brillando demasiado.
Para ti, mi amada, he cortado esta flor.
Es pálida y no tiene su corola perfume,
Su raíz no atrapó en la cima del monte
Sino el olor amargo de las algas marinas;
Mas dije: "pobre flor, de lo alto de esta cima
Debías descender hacia el abismo inmenso
Adonde van las algas, las nubes y los barcos,
Pero muere en su pecho, abismo aún más profundo,
Marchítate en su seno donde palpita un mundo.
El cielo que te hizo para perder tus pétalos
Te destinó a la mar, yo te entrego al amor."
El viento levantaba las olas, y el día ya no era
Sino un destello pálido, lentamente borrado.
¡Ay!, en mis pensamientos cuánta tristeza había
Mientras el precipicio negro penetraba en mi alma
Con el frío estremecimiento del caer de la tarde.

Traducción de Miguel Ángel Frontán.

No hay comentarios:

Publicar un comentario

Nota: solo los miembros de este blog pueden publicar comentarios.